GUIDE POUR UNE BONNE CONDUITE DE L'ELEVAGE DES POULETS AU VILLAGE

Réalisé par :

Camille D. BANKOLE et Gérard S. O. DOSSOU-GBETE

Table de matières


Introduction

Du fait de la poussée démographique que connaît l'Afrique occidentale, les productions animales demeurent insuffisantes pour satisfaire les besoins des populations en protéines animales. Pour pallier à ces déficits, des efforts ont été déployés par la plupart des états en faveur du développement du secteur avicole, notamment industriel (Mankor, 2009). Toutefois, malgré l'essor remarquable de la production avicole dans certains pays d'Afrique subsaharienne, la consommation de produits d'origine aviaire est encore fortement tributaire des importations dans la plupart de ces pays. En effet, les importations de viande de poulets représentent en tonnage plus de la moitié des importations totales de viande et augmentent chaque année. Elles sont passées en Afrique de l'Ouest de 39.617 tonnes (54,36 % des importations totales de viande) en 1997 à 231.597 tonnes (76,32 % des importations totales de viande) en 2008 ; avec le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Sénégal comme principaux pays importateurs de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) (FAOSTAT). Le marché régional de l'Afrique de l'Ouest est donc encore loin d'être auto-suffisant. Cependant, l'aviculture dite traditionnelle reste la plus répandue en Afrique subsaharienne où elle est pratiquée par la quasi-totalité des paysans, en particulier les femmes et les enfants des zones rurales (Agbédé et al., 1995 ; Aboe et al., 2006 ; Bebay, 2006 ; Traoré, 2006). Dans la plupart des pays à faible revenu et à déficit vivrier, environ 20 % des protéines consommées proviennent de l'aviculture traditionnelle, cette dernière regroupant 70 % de la population avicole (Alders, 2005). Les effectifs de volailles étaient estimés, en 2004, à 15,36 millions de têtes au Bénin, comportant en moyenne 75-85 % de volaille locale, véritable pilier social, économique et alimentaire des familles rurales pauvres.Toutefois, selon Gueye (1998), les déficits en protéines animales d'origine avicole enregistrés dans cette région sont surtout liés aux faibles productivités de la volaille traditionnelle. Mais, si cette dernière a une productivité naturellement plus faible que celles de races exotiques, divers auteurs (Abdou et Bell, 1992 ; Hofman, 2000 ; Tadelle et Ogle, 2001 ; Sonaiya et Swan, 2004 ; Mapiye et Sibanda, 2005 ; Pousga, 2005) ont reconnu que le développement de l'aviculture familiale est confronté à d'autres contraintes parmi lesquelles l'alimentation représente un véritable challenge. Le guide sur la bonne conduite de la volaille villageoise est un outil de travail pour les jeunes professionnels formés dans les lycées techniques ou écoles spécialisées, les fonctionnaires à la retraite, les producteurs de volaille lettrés. Il nous donne un aperçu et des conseils nécessaires sur comment élever la volaille en milieu paysan. Ce manuel essaie donc de rassembler les connaissances existantes sur comment améliorer les systèmes de production villageois avec relativement peu d'intrants. Ce guide traite des systèmes traditionnels améliorés de petits effectifs de 5 à 50 têtes. Le système que nous allons aborder dans ce guide est le système traditionnel amélioré qui est parfois appelé un 'système de semi-divagation. En raison de la complexité des systèmes, il existe plusieurs techniques d'amélioration de la production de volaille, les plus importantes sont référées dans les chapitres de ce guide, tels que la gestion, l'habitat, l'alimentation, les prophylaxies sanitaire et hygiénique, la commercialisation ainsi que la sélection animale et de races améliorées.

Importance de l'aviculture traditionnelle

Malgré le développement remarquable de l'aviculture industrielle ces dernières années, l'aviculture traditionnelle reste la plus répandue en Afrique subsaharienne (Missohou et al., 2002 ; Aboe et al., 2006 ; Fotsa et al., 2007 ; Halima et al., 2007a). L'aviculture, du fait de ses nombreuses potentialités - courte durée du cycle de reproduction et de production, retour rapide sur les investissements, forte accessibilité à toutes les couches sociales… - occupe une place de choix dans les stratégies de développement et de lutte contre la pauvreté dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne (Bebay, 2006 ; Traoré, 2006). Plus particulièrement, l'aviculture traditionnelle joue un rôle clé dans la quête de l'autosuffisance et de la durabilité de la sécurité alimentaire et contribue aux moyens d'existence des populations rurales sur les plans religieux, social et culturel (Tadelle et Ogle, 2001 ; Missohou et al., 2002 ; Alders, 2005). De plus la volaille traditionnelle représente une source de revenus pour les exploitants pauvres en milieu rural, notamment les femmes, voire pour l'économie des états, mais aussi d'engrais organiques pour l'agriculture (Sonaiya, 1997 ; Alders, 2005).

Les poulets traditionnels font intégralement partie de la vie des populations en Afrique où ils sont apparus il y a des siècles. Ils représentent un important pilier social, culturel et religieux pour les populations et les familles rurales en particulier. Selon Crowder (1977) cité par Alders (2005), le coquelet reste pour les Yoruba (maîtres de l'ancien état d'Ife dans l'actuel Nigéria), le principal artisan dans l'histoire de la création de leur ethnie. Les poules locales interviennent dans la consolidation des relations sociales et dans diverses cérémonies religieuses ou familiales : baptêmes, circoncisions, mariages, rituelles et fêtes diverses, et sont plus faciles à donner (dons) ou à offrir comme cadeaux aux parents et amis lors de visites ou de fêtes (Buldgen et al., 1992 ; Savane, 1996 ; Ly et al., 1999 ; Alders, 2005). Dans certaines sociétés africaines (Mandingue, Fouladou…), la poule locale reste entourée de mythes. Elle est considérée comme un animal exceptionnel qu'on ne peut offrir qu'aux personnes auxquelles on attache une importance particulière (jeunes mariés, femmes ayant accouché, hôtes respectueux…) ou qu'on ne peut servir que pendant les fêtes.

La viande des poulets locaux, encore appelés poulets « bicyclettes » en référence au moyen usuel de transport utilisé pour aller les vendre au marché, est très appréciée et mieux payée par les consommateurs africains, notamment sénégalais qui la trouvent de bonnes qualités organoleptiques et conforme à l'islam (80-97 %) d'autant plus qu'elle provient de sujets élevés pendant un temps relativement long et abattus localement, en comparaison à celle des souches exotiques ou commerciales importées (Centre technique de Coopération agricole et rurale, 1987 ; Ba, 1989 ; gueye, 1998 ; Teno, 2009). Par ailleurs, 80 % de l'effectif des volailles se trouvent en milieu rural où elles contribuent de façon substantielle à la couverture des besoins alimentaires en protéines d'origine animale à travers la production d'œufs et de viande (Sonaiya, 1997 ; Kitalyi et Mayer, 1998 ; Alders, 2005 ; Fotsa et al., 2007).

L'importance agricole de l'aviculture villageoise réside dans la valorisation des fumiers issus des fientes des oiseaux – surtout ceux élevés en claustration – pour la fertilisation des cultures et légumes (Alders, 2005 ; Centre technique de Coopération agricole et rurale, 2007). En effet, parmi les déjections animales, les fientes de volaille représentent les fumiers les plus fertilisants et les plus riches et équilibrés en éléments nutritifs – environ 67 % de matière sèche (MS), 2,7 % d'azote (N), 2,5 % de phosphore (P2O5) et 1,9 % de potassium (K2O) – nécessaires au développement des cultures végétales (Buldgen, 2000 ; Centre technique de Coopération agricole et rurale, 2007).

Caractéristiques de l'élevage traditionnel

Dans de nombreux pays d'Afrique, l'aviculture traditionnelle est généralement considérée comme une « activité de cueillette », sans intrant et s'oppose à l'aviculture dite moderne ou industrielle souvent regroupée en périphérie des grandes villes (Centre technique de Coopération agricole et rurale, 1987 ; Institut technique de l'Aviculture, 2003 ; Fotsa et al., 2007). La production traditionnelle est caractérisée par: la divagation, peu ou pas d'attention, des pertes énormes de productivité, pas d'abri, pas de complémentation alimentaire, pas de suivi sanitaire, etc. Elle est surtout pratiquée en milieu rural, en général sous un mode extensif où chaque famille détient un effectif très variable et relativement faible de poules locales (Ravelson, 1990 ; Ly et al, 1999 ; Missohou et al., 2002 ; Tadelle et al., 2003 ; Halima et al., 2007a). Les causes majeures de diminution des effectifs dans le système de divagation sont : les prédateurs (26%), les ventes (2%), la coccidiose (40%) et les autres maladies (32%). Peu de données existent sur la typologie de l'aviculture traditionnelle. D'après la littérature (Sonaiya et al., 1999 ; Institut technique de l'Aviculture, 2003 ; Alders, 2005), deux types d'élevage traditionnel (extensif et amélioré) de volaille ont pu être distingués en fonction de leurs caractéristiques.


Diagramme 1 : Les causes majeures de diminution des effectifs dans un système de divagation

Le système traditionnel dit « de cueillette », est pratiqué un peu partout, mais surtout en milieu rural. Ce système est très présent en Afrique subsaharienne sans intrant, et qui doit se satisfaire des ressources alimentaires disponibles dans le milieu environnant. Il regroupe des exploitations familiales dispersées en petites unités de production comportant en moyenne 5-20 poulets par concession, voire une cinquantaine de têtes avec une forte proportion de jeunes poulets et de coqs. En effet, la présence d'un effectif élevé de coqs dans le cheptel familial reflète bien la tradition villageoise de garder un bon nombre de coqs destinés aux dons, aux sacrifices et à la vente ; mais cette pratique, diminue la productivité de la poule locale par manque de sélection raisonnée de coqs géniteurs. C'est un système dans lequel les motifs économiques et les normes rationnelles de conduite d'élevage sont relégués au second plan. Il n'assure donc pas entièrement les besoins des éleveurs du fait de la précarité des conditions de vie des oiseaux : défaut d'habitats, insuffisance ou absence d'alimentation, prédation, problèmes sanitaires. Essentiellement de races locales, les poulets sont élevés en liberté permanente dans la journée puis le cas échéant enfermés le soir dans un poulailler très sommaire, souvent de mauvaise qualité, construit sans aucune norme – exigu, mal aéré, rarement nettoyé et entretenu – et généralement en matériaux locaux : bois, briques en terre ou de récupération, vieilles tôles, tiges et pailles de graminées. Les poulets passent souvent la nuit dehors cachés sous les greniers ou perchés sur les arbres de la concession (Agbédé et al., 1995 ; Fotsa et al., 2007). Aucune mangeoire, ni abreuvoir ne sont prévus, mais un récipient de fortune sert souvent d'abreuvoir lorsque les oiseaux sont élevés en semi-captivité. Les quelques rares apports de compléments alimentaires aux oiseaux sont souvent directement servis au sol (Agbédé et al., 1995 ; Halima et al., 2007a). La non utilisation de ces équipements d'élevage par les aviculteurs villageois, qui pour la plupart n'ont aucune formation, est principalement due à l'ignorance et à la négligence (91,7 %) suivies d'un manque de moyens financiers (8,3 %). Au plan sanitaire, la couverture prophylactique et thérapeutique est quasi inexistante avec comme conséquence la persistance de pathologies infectieuses telles que les maladies de Newcastle, de gumboro, de Marek, la bronchite infectieuse, le choléra, la variole aviaire et de maladies parasitaires comme les coccidioses, les helminthoses et les ectoparasites.La prophylaxie sanitaire se résume à l'administration de certaines préparations de plantes médicinales ou de la pharmacopée traditionnelle: extrait de feuilles ou d'écorce d'Azadirachta indica et de Carica papaya contre les vers intestinaux et les diarrhées, de Kalanchoe crenata contre les coccidioses, de fèces d'éléphant, de feuilles d'Eucalyptus spp. et de Leonea cornuta contre la maladie de Newcastle, de piments (Piper guineense, Capsicum frutescens) et d'Hibiscus spp. contre les maladies respiratoires (Agbédé et al., 1995 ; Tadelle et Ogle, 2001 ; Mwalusanya et al., 2002).

En général, on enregistre, durant le stade de 0-3 mois d'âge, un fort taux de mortalité des poussins (50-66 %), ce qui contribue à réduire la productivité déjà faible du poulet villageois. Cette forte mortalité des poulets n'incombe pas seulement aux maladies, mais aussi à d'autres facteurs tels que les prédateurs, les saisons, l'absence d'abreuvoirs, le déficit d'aliments en lien avec le mode d'élevage. En effet la divagation pratiquée dans ce système expose grandement les oiseaux qui, du fait des longs déplacements, sont souvent des victimes de prédateurs. Par ailleurs, lorsque les débris alimentaires, la verdure, les insectes et les vers de terre viennent à manquer et que les points d'eau se raréfient dans le milieu, les sujets s'affaiblissent, deviennent vulnérables et sont ravagés par les maladies infectieuses, ne laissant souvent que quelques survivants pour la reconstitution du cheptel en fin de saison (Agbédé et al., 1995 ; Bisimwa, 2003 ; Institut technique de l'Aviculture, 2003).

Aviculture traditionnelle de type amélioré

Elle concerne surtout les exploitations de taille relativement plus importante, de l'ordre de 30 têtes à plus d'une centaine de sujets. C'est un système d'élevage qui est peu fréquent en Afrique subsaharienne. Dans ce système, les poulets sont généralement élevés en semi claustration (enfermés dans la matinée puis lâchés pour quelques heures de divagation dans l'après-midi) ou parfois en claustration permanente. En effet, en plus de son caractère socio-culturel et nutritionnel (dons, sacrifices et consommation familiale), ce système y associe un objectif économique relativement important à travers la vente des oiseaux vivants ou des œufs dans les marchés locaux. On y rencontre des poulaillers simples construits en matériaux locaux plus résistants, de dimensions variables et de qualité plus ou moins acceptable suivant les moyens financiers de l'éleveur, les objectifs et l'effectif de l'exploitation. Certains éleveurs construisent des poulaillers surélevés ou sur pilotis pour lutter contre les prédateurs et les maladies. Ces poulaillers sont souvent munis de perchoirs et équipés de mangeoires et d'abreuvoirs. Certaines mangeoires sont parfois équipées ou recouvertes d'un dispositif de limitation d'accès aux poulets adultes pour permettre aux poussins de bien s'alimenter. Dans certains cas, la séparation des poussins de leur mère est observée dès les premières semaines, ce qui permet d'une part, de réduire la durée de conduite des poussins par la poule et leur taux de mortalité, et d'autre part, d'augmenter la production des œufs et la croissance des jeunes sujets. L'alimentation des sujets est assez régulière, plus rationnelle et relativement équilibrée pour soutenir la productivité de l'exploitation. L'aliment est fabriqué à base de ressources locales complétées par des déchets de cuisine, des insectes (termites, acariens ou asticots, chenilles, vers de terre…) et d'autres débris alimentaires présents dans l'environnement immédiat : grains de graminées sauvages, brisures et grains de céréales retrouvés autour des aires de battage et des concessions. Ces élevages entretenus par les femmes, et toute la famille en général, exploitent souvent les poulets de races locales, mais aussi des races améliorées, notamment des coqs dits « raceurs » pour une amélioration génétique par croisement. Les oiseaux sont habituellement vaccinés contre la maladie de Newcastle, parfois déparasités et le taux de mortalité est en général faible à modéré (540 %). Cependant, un programme de traitement particulier leur est rarement appliqué si ce n'est la pharmacopée traditionnelle à base de plantes médicinales.

Pour une meilleure gestion de l'élevage, dix conseils à respecter :

  • Fournir des habitats simples ou des abris avec des perchoirs à l'intérieur;
  • Utiliser les paniers de jour durant la journée et les paniers de nuit durant la nuit;
  • Donner un accès illimité à de l'eau propre;
  • Séparer les jeunes poussins des adultes, quand ils se nourrissent;
  • Contrôler quotidiennement la santé des oiseaux;
  • Fournir des nids et contrôler les œufs deux fois par jour;
  • Vacciner régulièrement en tenant compte des conseils donnés par les vaccinateurs locaux et les vétérinaires;
  • Isoler les oiseaux malades, appeler un vétérinaire ou tuer-les;
  • Il faut vendre ou tuer les oiseaux non productifs comme les coquelets et les vieilles poules qui ont arrêté de pondre;
  • Surveiller le statut de reproduction de chaque poule une fois par mois et accorder une attention particulière aux poules couveuses.


 
  Schéma1 : Bonnes pratiques pour l'amélioration de la productivité de la volaille traditionnelle

Étapes de production

Habitat

  • Il est essentiel pour protéger les oiseaux des prédateurs, des voleurs, des conditions climatiques défavorables (pluie, soleil, vents très forts, basses températures de la nuit) et pour la ponte des œufs et les poules couveuses. Un poulailler convenable et confortable est aussi important pour une production rentable et pratique pour l'éleveur.
  • L'habitat protège la volaille des prédateurs et des mauvaises conditions climatiques. Selon la disponibilité des matériaux, du temps et des traditions, il existe différents types de poulaillers et d'abris. Le choix de la construction du poulailler doit être fait sur une estimation des coûts, de la durabilité et des gains immédiats liés à l'utilisation d'un poulailler ;
  • Si le besoin apparaît de construire un poulailler plus grand et séparé, il est important de considérer consciencieusement le site, les matériaux et les frais ;

Pour le choix d'un site, il faut prendre en considération :

  • Une place sombre et sèche sur un sol plat pour garder le sol sec durant toute la saison des pluies;
  • Le sol doit être bien drainé et le terrain ne doit pas être inondé pendant la saison des pluies;
  • Des arbres et des buissons près de l'habitat sont bénéfiques car ils fournissent de l'ombre;
  • Il est important d'avoir le poulailler près de la maison pour des raisons de sécurité;
  • L'orientation du poulailler doit prendre en considération le mouvement du soleil et les vents dominants, ce qui permet à l'habitat d'être naturellement ventilé ou ombragé à certains moments de la journée. Dans un habitat rectangulaire, les deux côtés les plus courts doivent être situés Est et Ouest; ceci assurera que seulement les murs courts seront face au chaud soleil du matin et encore plus chaud soleil de l'après-midi;

Le choix technique d'un site adapté prend en compte les mouvements d'air et l'humidité. Ainsi, l'implantation dans un bassin ou une vallée peut exposer l'habitat à de l'humidité et/ou à une insuffisance de renouvellement d'air naturelle, surtout en période de forte chaleur. L'insuffisance de renouvellement peut aussi être la résultante de tout autre obstacle au mouvement de l'air. De même, l'implantation sur une colline peut causer un excès d'entrée d'air du côté des vents dominants.

Schéma 2 ; Importance de l'habitat pour protéger les oiseaux

Avant l'arrivée des poussins

Avant l'arrivée des poussins il faudra assurer un habitat adéquat avec de bonnes conditions d'accueil, bien équipé et bien aéré.
La réussite d'un lot de poulets va dépendre de la préparation de l'habitat à la réception des poussins : La litière doit être sèche, saine, peu fermentescible, souple, absorbante, isolante et épaisse. Plusieurs substrats sont utilisés ; on peut citer la paille hachée, les copeaux de bois dépoussiérés et non traités ;

On évitera la paille entière dont le pouvoir absorbant est plus faible, la sciure de bois trop poussiéreuse et les copeaux de bois résineux ou traités. La litière doit avoir de l'ordre de 6 à 10 cm d'épaisseur.

La mise en place des poussins

Les paramètres d'ambiance sont vérifiés et réglés si nécessaire avant l'installation des poussins. Il s'agit de l'intensité lumineuse, du fonctionnement et réglage des appareils de chauffage, de la présence en quantité suffisante des abreuvoirs et mangeoires. Après ce réglage les poussins sont déchargés rapidement et déposés dans leur espace de vie.

Évaluation de l'état des poussins

Après l'installation des poussins, il est utile de procéder à l'observation méthodique du comportement et de l'aspect externe des poussins ce qui permet de juger l'état des animaux livrés. Il faut alors focaliser son attention sur la présence d'anomalies au niveau de l'ombilic qui doit être fermé et propre, des pattes, du bec, du sac vitellin (abdomen souple et épais). De même, l'activité réflexe du poussin est appréciée par sa résistance à une légère pression de la main et par sa capacité à se retourner rapidement lorsqu'il est placé sur le dos. Un bon lot uniforme est composé de poussins dont au moins 80 % ont un poids compris dans une fourchette de 10 % autour de la moyenne. Un bon démarrage assure à 50% la réussite du troupeau. Un bon démarrage de l'élevage c'est :

  • un bon bâtiment, bien équipé et bien préparé;
  • de bons poussins, bien livrés;
  • une bonne technique d'élevage à savoir : beaucoup d'observation, des soins attentifs et rigoureux, une transition progressive du matériel.

La mise en place effectuée, durant les heures et les jours qui suivront et durant toute la durée de l'élevage, l'éleveur devra être particulièrement attentif au comportement de ses animaux et à l'adaptation de l'environnement à leurs exigences.

Par exemple, 3 heures après l'arrivée des poussins, il est suggéré d'examiner l'état du jabot et des pattes. Si l'objectif de réussite de la phase initiale de démarrage est atteint, 98 % des poussins observés ont le jabot plein et mou et les pattes chaudes.

Si l'objectif n'est pas atteint, cela traduit une ou plusieurs déficiences. Ainsi :

Les pattes froides peuvent être dues à:

  • aux conditions de transport, de déchargement ;
  • un sol froid, humide ; ou à une isolation insuffisante ;
  • une litière froide, peu épaisse ;
  • un temps de chauffage insuffisant ;
  • une température insuffisante ;
  • une isolation insuffisante ;
  • une mauvaise étanchéité.

Les jabots vides et manque d'appétit peuvent être attribués à :

  • un manque ou un excès de chaleur ;
  • un manque de points d'eau ou d'alimentation ;
  • un matériel inadapté, mal réparti, inaccessible ;
  • un mauvais éclairage ; ou une mauvaise litière ;
  • une trop forte densité ;
  • l'état des poussins stressés, malades ;
  • la qualité de l'eau ;
  • la qualité de l'aliment.
  • En élevage traditionnel amélioré, Il faut toujours s'assurer que la taille du troupeau corresponde à la grandeur de l'habitat, à la quantité de nourriture achetée et aux ressources alimentaires du milieu (base des ressources alimentaires locales).
  • Ne pas acheter des animaux sur le marché sans source contrôlée, surtout pas pendant les périodes, où le développement des maladies est commun. Ceci favoriserait l'introduction de maladies contagieuses dans le troupeau.
  • Il faut vacciner tous les oiseaux contre la maladie de Newcastle et les autres maladies les plus répandues telles que la variole aviaire régulièrement pour éviter une forte mortalité. Les petits poussins doivent être vaccinés contre les maladies contagieuses les plus répandues à l'âge de 2-3 semaines. La revaccination doit toujours être exécutée selon les instructions.

Alimentation et abreuvement

Dans le système d'élevage de type amélioré, l'aliment dont bénéficie le poulet traditionnel est parfois rationnalisé en imitant les pratiques habituelles des élevages industriels. Le complément, véritable pierre angulaire de ce système, est constitué d'aliments complets souvent formulés à base des ressources alimentaires locales par les éleveurs ou parfois achetés sur le marché local. Ce complément est apporté régulièrement et en quantité relativement suffisante aux oiseaux même s'ils ont aussi parfois la possibilité de se nourrir par eux-mêmes des débris alimentaires de la nature (brisures et grains retrouvés autour des aires de battage des céréales, termites, vers de terre, criquets et autres insectes…) à la faveur d'une courte divagation. Les invertébrés sont en général d'excellentes sources complémentaires de protéines et d'énergie, surtout pour les éleveurs ne disposant pas d'une grande autonomie financière pour l'achat des aliments commerciaux ou de ressources alimentaires ordinaires; les charges alimentaires étant relativement importantes dans ce système traditionnel dit amélioré. L'eau et les aliments sont distribués dans des abreuvoirs et mangeoires commerciaux ou fabriqués à base de matériaux locaux. Certains éleveurs utilisent des mangeoires multiples à différents ingrédients alimentaires tandis que d'autres disposent des mangeoires de type « cafétéria » : morceau de bois ou de bambou creusé ou taillé comportant trois espaces d'assiettes dans lesquels sont respectivement servis des aliments énergétiques, protéiques et d'origine minérale.

Le premier aliment auquel on pense, c'est évidemment l'eau elle-même. L'eau représente 70 % de la composition corporelle de l'oiseau. La qualité de l'eau distribuée aux animaux distingue 2 composantes : la qualité chimique et la qualité bactériologique. Les points d'eau et l'eau d'abreuvement doivent être maintenus propres et le matériel doit être régulièrement contrôlé et adapté en fonction de la croissance des animaux de manière à être aisément accessible. Il faut éviter le gaspillage de l'eau et de mouiller la litière.

Pour l'élevage traditionnel amélioré ou les animaux sont en semi divagation, le complément d'aliments et l'eau propre doivent être donnés tôt le matin et à nouveau le soir lorsque les animaux retournent dans le poulailler pour la nuit. Il est important que les mangeoires et les abreuvoirs restent propres, afin que les infections ne se transmettent pas aux oiseaux à travers la nourriture et l'eau sales. Il est très important pour les poussins d'avoir accès à l'eau propre et en quantité suffisante, puisque qu'ils peuvent facilement mourir de déshydratation.


Schéma 3 : Améliorer l'alimentation de la volaille traditionnelle

L'alimentation est essentielle pour l'augmentation de la production de viande et d'œufs chez la volaille. Le manque de nourriture et d'eau va réduire la résistance des oiseaux aux parasites et aux maladies, et petit à petit la mortalité du troupeau va augmenter. La production d'œufs et la croissance des oiseaux seront limités selon l'accès à la nourriture et leur potentiel génétique. Il est facilement possible d'augmenter la production des œufs et la croissance des races locales en leur donnant un complément de nourriture. La composition et la disponibilité de l'alimentation vont varier en fonction de la saison, des situations géographiques et des systèmes de production. En général, la volaille et d'autres animaux ont besoin de nourriture contenant de l'énergie (aliments qui donnent la force), des protéines (aliments qui font la chair) ainsi que des minéraux et des vitamines (aliments qui font de belles plumes et des os solides). Les besoins vont varier en fonction de l'âge et du statut de l'oiseau (poulet, adulte, pondeuse, couveuse). La meilleure façon de faire du complément de nourriture et aussi la moins chère est d'utiliser les ressources locales.

Dans le système d'élevage amélioré, il doit être donné assez de temps et d'espace aux coqs et aux poules pour divaguer, alors que les poussins devraient être gardés dans un espace limité pendant les premières 4 à 6 semaines. Le meilleur moment pour trouver la nourriture est tôt la matin ou tard dans l'après-midi, moments où les insectes sont nombreux et la chaleur pas trop forte.

Les meilleurs moments pour donner le complément de nourriture sont le matin et le soir, quand les oiseaux retournent dans leur habitat. De l'eau à volonté doit être à disposition dans les espaces ombragés pour éviter le stress de la chaleur.

La nourriture est plus ou moins riche en protéine et en énergie, ainsi qu'en minéraux et en vitamines selon le type.


Schéma 4 : Les différentes catégories 'aliments entrant dans la composition d'une ration
a: énergie ; b: protéines ; c: minéraux ; d: vitamines

L'eau à volonté et de bonne qualité.

Santé

La gestion de la santé concerne essentiellement trois maladies virales, la maladie de Newcastle, la grippe aviaire et la variole aviaire et les parasitoses internes et externes. Il est important d'empêcher les maladies et de les traiter suivant un calendrier de prévention qui met en valeur les périodes où les maladies doivent être empêchées et traitées. Les oiseaux d'âges différents sont vaccinés contre la maladie de Newcastle (a), la variole aviaire (c), et ils sont traités contre les parasites internes (vers (b), les parasites externes (d) suivant les cycles des cultures annuelles et les fêtes. Il est important pour le producteur d'apprendre comment détecter un animal malade ou en mauvaise santé. Il est important d'isoler les oiseaux malades du reste du troupeau pour assurer une perte minimale si l'éruption de la maladie se produisait.

Au plan sanitaire, les principales causes de mortalité des poulets dans les élevages traditionnels sont surtout les maladies infectieuses (maladie de Newcastle, typhose pullorose, choléra, coccidioses et variole aviaires), suivi des prédateurs (éperviers, serpents, renards, varans, chats sauvages…), des maladies parasitaires et des ectoparasites. Les pertes de poussins sont essentiellement dues aux maladies infectieuses (83 %), suivies des prédateurs (10 %) et des mauvaises saisons (7 %) alors qu'au nord-ouest de l'Ethiopie, la maladie de Newcastle et les prédateurs constituent les principales causes de mortalité des poulets. Par ailleurs, l'absence notoire de pratiques prophylactiques et thérapeutiques vétérinaires, le mode de conduite agro-pastorale de la volaille traditionnelle caractérisé par l'élevage combiné dans une même unité de production de plusieurs espèces animales de différents âges dans une promiscuité favorable au développement des maladies, contribue à augmenter les mortalités des poulets traditionnels. Ces pertes sont habituellement plus importantes en cas d'épidémie, mais aussi pendant les saisons pluvieuses. Toutefois, des programmes de vaccination contre les maladies infectieuses dominantes en aviculture villageoise donnent de bons résultats, notamment lorsque les oiseaux sont élevés en semi-claustration ou en claustration permanente.

Caractéristiques d'oiseau sain et 'oiseau malade

Oiseau sain


  • Alerte et à l'affût
  • Œil et crête vifs
  • Marche, court, se tient sur ses pattes et se gratte continuellement
  • Boit et mange normalement
  • Pond normalement
  • Plumes lisses et propres
  • Fientes molles et compactes
  • Respire calmement

Oiseau malade/ en mauvaise santé


  • Fatigué et sans vie
  • Œil et crête alourdis
  • Est assis ou couché
  • Boit et mange moins
  • Arrête de pondre
  • Perte et plumes ébouriffées
  • Fientes humides avec du sang ou des vers, diarrhée
  • Toux, éternuements et respiration bruyante

L'oiseau malade doit être isolé et un vétérinaire doit être appelé pour identifier la maladie et donner des conseils de traitement. Si l'oiseau est mort, il faut le brûler et l'enterrer, ou s'il est mangé il faut bien le cuir. Il faut enlever les oiseaux malades pour que les germes ne restent pas sur le sol et contaminent les autres oiseaux.

Prévention des maladies

  • Les maladies sont partout et attaquent les oiseaux à tous âges mais un entretien attentionné peut empêcher beaucoup de maladies;
  • Ne jamais garder les races locales en confinement sans accès à l'air libre;
  • La meilleure façon d'éviter la dissémination des maladies d'une espèce à une autre est de les garder séparés dans des cages, des poulaillers ou des paniers différents ;
  • Toujours garder les oiseaux domestiques aussi loin que possible des oiseaux sauvages.

CONCLUSION

  • Produire, consommer et vendre des œufs et des volailles permet aux villageois et aux villageoises d'améliorer leur alimentation et d'obtenir des revenus monétaires ;
  • Les revenus tirés de la vente des œufs et de volailles peuvent jouer un rôle déterminant partout où les déficits vivriers sont chroniques et où les ressources fourragères ne permettent pas d'élever des effectifs significatifs de ruminants, ce qui est le cas de nombreux pays d'Afrique de l'Ouest. Signalons qu'au sein des villages, les revenus issus de la vente d'œufs et de volailles sont primordiaux pour les familles paysannes ayant le moins de ressources. Pour ces deux raisons (consommer et vendre), l'aviculture villageoise est un outil privilégié de lutte contre la pauvreté rurale. Pour atteindre ces objectifs, il urge d’améliorer l'habitat de la volaille, de mettre à sa disposition un complément alimentaire et d'attacher plus d'intérêt à la santé des oiseaux ;

La réussite de l'aviculture est possible à condition de limiter les investissements initiaux et d'être techniquement au point. Un éleveur de volailles doit maîtriser l'élevage, l'alimentation et les problèmes sanitaires. La réussite de cette activité permet d'améliorer le niveau de vie des éleveurs par la vente des produits, l'état nutritionnel de la famille par la consommation des protéines animales de qualité.

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